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Lait
Volume 33, Number 327, 1953
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Page(s) | 369 - 386 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/lait:195332714 |
DOI: 10.1051/lait:195332714
Détection biologique des antiseptiques et des antibiotiques dans le lait
J. PIEN, J. LIGNAC and P. CLAUDE Résumé - La recherche et le dosage des antiseptiques et des antibiotiques dans le lait pose des problèmes difficiles que nous croyons avoir résolus d'une manière très simple en utilisant des souches de ferments lactiques entraînées à résister à des doses variées de ces diverses substances (doses allant de la concentration du seuil de toxicité jusqu'aux concentrations totalement inhibitrices et au-delà).
On met d'abord en évidence la présence éventuelle d'un facteur d'inhibition dans le lait suspect en l'ensemençant d'un ferment lactique quelconque et en comparant la fermentation obtenue avec celle d'un témoin de lait normal ensemencé du même ferment. On recherche ensuite (ou en même temps) en opérant de la même façon sur le même lait suspect préalablement porté à 90°, si le facteur d'inhibition est thermostable, ce qui signifierait que l'on se trouve effectivement en présence d'un antiseptique ou d'un antibiotique (et non en présence de certains inhibiteurs naturels thermolabiles).
On procède ensuite à l'identification de cette substance en ensemençant plusieurs échantillons du lait suspect à l'aide de souches entraînées à résister aux principaux antiseptiques et antibiotiques, c'est-à-dire à produire une fermentation lactique normale dans le lait en présence de concentrations ordinairement inhibitrices de ces substances. Seul l'échantillon ayant reçu la souche entraînée à résister à l'inhibiteur réellement présent sera le siège d'une fermentation lactique normale. Les autres tubes de lait suspect ayant reçu les ferments entraînés à résister aux autres inhibiteurs (non présents) ne fourniront pas de fermentation. La résistance acquise par les souches spécialement entraînées est, en effet, spécifique. Le mode d'obtention de ces souches est décrit en détail.
Enfin, connaissant la nature de l'inhibiteur présent, la détermination de sa concentration approximative résultera de la mise en oeuvre d'une épreuve semblable où les différentes souches utilisées seront alors des souches entraînées à résister spécifiquement à diverses concentrations de la substance en cause.
L'ensemble du problème sera donc résolu si l'on dispose d'une collection suffisante de souches entraînées à résister à des concentrations variées des divers antiseptiques et antibiotiques susceptibles d'être rencontrés dans le lait. Nous avons créé une telle collection. Des laboratoires spécialisés pourraient en créer de semblables, les entretenir, et les distribuer au fur et à mesure des besoins. Cette technique des souches résistantes peut être étendue à l'étude de nombreux autres problèmes : dépistage d'autres facteurs d'inhibition (pour autant qu'ils soient isolables, même s'ils sont inconnus) création de souches mixtes polyrésistantes pour l'industrie laitière et fromagère, application des mêmes principes à la recherche des antiseptiques ou des antibiotiques dans d'autres produits que le lait et à la lutte contre certains accidents de fabrication d'origine bactériologique dans d'autres industries