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Issue
Lait
Volume 18, Number 179, 1938
Page(s) 897 - 919
DOI https://doi.org/10.1051/lait:193817935
Lait 18 (1938) 897-919
DOI: 10.1051/lait:193817935

Quelques points vitaux de l'industrie beurrière figurés dans des formules

E. VAILLANT

Résumé - La question que doit se poser tout industriel beurrier le dernier jour de chaque mois, époque à laquelle il doit établir sa paie pour le lait qu'il a reçu durant ce mois, est certainement la suivante :
Quel prix vais-je payer le kilogramme de lait ? et, lorsque j'aurai établi ce prix, quel sera le résultat du travail du mois écoulé ? bénéfice ou perte ? et de quelle importance ?
Les formules et bases de calcul que nous avons essayé de mettre au point et que nous apportons dans ce qui précède nous paraissent devoir fournir à tout industriel avisé les éléments capables de répondre clairement et avec précision à ces questions.
Comment va-t-il opérer ?
Pour simplifier nous admettrons d'abord que nous ne nous trouvons pas dans un cas anormal suscité par une manifestation combative d'un concurrent voisin ou par une baisse catastrophique des cours.
Nous admettrons que le lait est acheté "à la matière grasse", c'est-à-dire en payant aux fournisseurs, non des litres ou kilogrammes de lait, mais des kilogrammes de matière grasse.
Nous admettrons enfin que l'usine possède une comptabilité bien organisée ainsi que des registres de réception, de fabrication et de magasin complets et scrupuleusement tenus à jour.
Ceci dit, le dernier jour du mois vont se succéder les opérations qui suivent, destinées à l'établissement de la paie et aussi aux divers calculs qui nous intéressent (ces dernières sont en italiques) :
(a) Totalisation des kilogrammes de lait amenés par chaque fournisseur durant le mois.
(b) Totalisation générale de tous les kilogrammes de lait reçus dans le mois.
(c) Etablissement (par l'analyse) du taux de matière grasse par kilogramme de lait, pour chaque fournisseur.
(d) Calcul du poids de matière grasse apportée par chaque fournisseur à l'usine dans le lait livré durant le mois.
(e) Totalisation générale de tous les kilogrammes de matière grasse apportés à l'usine durant le mois.
(f) Relevé des frais généraux du mois, y compris les frais de ramassage du lait (le total suffit).
(g) Relevé des sommes provenant de la vente des sous-produits dans le mois (le total suffit).
(h) Total des kilogrammes de beurre vendus dans le mois.
(i) Total du montant des ventes de beurre du mois.
(j) Quantité de beurre fabriquée dans le mois.
(k) Quantité de beurre en magasin ou en stock au début du mois.
(l) Quantité de beurre en stock ou en magasin à la fin du mois.
Lorsqu'une usine est bien organisée, elle obtient ces divers renseignements très rapidement.
Les douze éléments spécifiés ci-dessus vont permettre de faire tous les calculs. Ceux qui ne sont pas en italiques serviront uniquement à l'établissement des feuilles de paie dès qu'on connaîtra définitivement le prix à appliquer au kilogramme de matière grasse. Les autres sont réservés à la Direction en vue d'établir le prix d'achat du lait et de connaître la marche de l'entreprise.
Des éléments ci-dessus (en italiques) on déduit :
"Mg" ou taux moyen de matière grasse par kilogramme de lait. Obtenu en divisant (e) exprimé en grammes, par (b), soit :
"Mg" = (1.000 x (e)) / (b)
- "L" ou nombre de kilogrammes de lait pour faire un kilogramme de beurre.
"L" = 1.000 / (Mg x 1,1)
"D" ou prix moyen de vente du kilogramme de beurre dans le mois.
"D" = (i) / (h)
"Fg" ou frais généraux du mois rapportés à 1 kilogramme de lait.
"Fg" =(f) / (b)
"Sp" ou vente des sous-produits rapportés à 1 kilogramme de lait.
"Sp" = (g) / (b)
"K" = 1,1.
"B" ou moyenne mensuelle des cours moyens journaliers des beurres de même catégorie aux Halles centrales de Paris.
Les calculs ci-dessus, qui sont infiniment simples, nous permettent maintenant d'utiliser nos formules :
A. Etablissement du prix limite du kilogramme de lait qu'il ne faut pas atteindre sous peine d'enregistrer une perte.
Formule 7. Prix limite :
"D" / "L"-(Fg-Sp)
B. Etablissement du prix du kilogramme de matière grasse.
On a adopté un prix " P" du kilogramme de lait généralement inférieur au prix limite établi ci-dessus: Prix du kilogramme de matière grasse :
("P" x 1.000) / Mg
C. Calcul du prix de revient du kilogramme de beurre.
Formule 6. Prix de revient du kilogramme de beurre :
[((P- Sp) + Fg) x 1.000] / Mg x K
D. Calcul du montant réel du bénéfice ou de la perte.
Nous l'avons longuement exposé avec des exemples chiffrés au paragraphe 7.
Remarque :
Toutes les fois qu'un industriel se trouvera en présence d'un événement devant influencer sa détermination pour l'établissement du prix d'achat du lait (concurrence, mouvement des cours, lois sociales aggravation brutale des frais, etc.), il trouvera dans les calculs A, B, C et D la solution du problème qui se présente.
Il sera, notamment, nécessaire de faire quelques essais de ces formules avec diverses valeurs de "P" au delà ou en deçà de la limite trouvée en A, puis examiner la répercussion qui en résultera sur les calculs C et D. On s'arrêtera à celle qui se rapprochera le mieux du résultat attendu.
Encore une fois, il nous semble qu'ainsi armés, les industriels peuvent marcher à coup sûr, savoir où ils vont et ne s'engager dans une voie qu'en toute connaissance de cause. Nous estimons que nos formules, extrêmement simples à appliquer sous leur aspect assez rébarbatif, braveront les répugnances de certains et rendront à tous de grands services